Depuis 2019, l’organisation Cœur Humanitaire en Action Novatrice pour la réGénération Effective, en sigle Change, est à l’œuvre en faveur des droits des enfants. Elle est active dans la Province du Sud-Kivu à l’Est de la R.D. Congo. En fait, les enfants de mines constituent l’un de focus de Change.
Les enfants de mines reprennent bonne mine au Sud-Kivu
Change a déjà organisé trois enquêtes incluant la problématique des enfants de mines. En plus, une enquête spécifique aux enfants et femmes de mines est envisagée incessamment. Dans cette optique, trois publications de cette organisation font la une. Il s’agit des ouvrages intitulés respectivement : « A quand Responsabilité-Durabilité-Distributivité. Hors la loi, les ressources naturelles paupérisent » (2020), « Gouvernance anarchique des terres. Paysannerie paupérisée sans protection » (2021) et « Femme, Autonomisation et Participation. Les violences basées sur le genre, un fléau à vaincre » (2021).
Pour répondre au tableau sombre relevé, Change intervient avec des approches diversifiées. Ce dernier réalise des enquêtes, sensibilise les enfants et autorités étatiques locales impliquées, anime des conférences internationales sur cette thématique et offre l’appui aux parents des enfants de mines tout en les accompagnant pour leur autonomisation. « Nous demeurons convaincus que l’autonomisation des parents de mines couplée de sensibilisation auprès de tous les concernés est très salutaire pour les enfants de mines. Et, notre intervention dans ce sens produit déjà de bons résultats. Certains enfants quittent les mines. Néanmoins, cela ne suffit pas, nous projetons plus et mieux. Nous pensons à la création des centres de formation professionnelle, des aires des jeux, etc. C’est le fonds qui fait encore défaut. » Se félicite le Coordonnateur de Change, Monsieur Sylvain-Dominique Akilimali.
Depuis février 2023, cette Ong appui et accompagne plus de cinquante parents des enfants de mines. Cet appui consiste à leur octroyer des intrants agricoles, à leur dispenser une formation efficace en pratiques agroécologiques. « Notre choix pour l’agriculture est motivé par sa multidimensionnalité. En même temps qu’elle est garante de la sécurité et la souveraineté alimentaires, elle régénère des revenus pour la couverture d’autres charges ménagères (éducation, soins de santé, vêtement, amélioration du logement, ..), elle est un emploi indépendant et contribue à la protection de l’environnement. En effet, pour nous c’est l’agroécologie que nous promouvons. En fin de compte, les enfants qui étaient, jadis, destructeurs de l’environnement, en deviennent non seulement protecteurs mais aussi régénérateurs » éclaircit Monsieur Sylvain-Dominique Akilimali. Aussi, les bénéficiaires sont-elles accompagnées techniquement pour consolider l’appropriation des pratiques promues. Lesdites pratiques sont appuyées par l’organisation. Cette action d’agroécologie est exécutée avec l’appui financier de la Coopération belge au développement et d’Entraide et Fraternité.
En outre, l’organisation initie les activités d’économie sociale et solidaire. Elle apporte, ainsi, son soutien aux Mutuelles de Solidarité (MUSO) et Comités d’Epargne et de Crédit Interne (CECI) organisées par ces bénéfificiaires.
Notons que Change a initié et tient le lead de la synergie « Sauvons la Femme et l’Enfant », en sigle SAFE. Celle-ci regroupe treize organisations œuvrant en faveur de la femme et de l’enfant.
Les calvaires des enfants de mines dans des sites
L’intensité des activités minières distraie les populations riveraines des sites d’exploitation. Nombreux enfants abandonnent l’école pour se consacrer aux activités minières. D’autres, prennent cette option suite au manque de moyens, à l’irresponsabilité ou à l’absence prolongée des parents.
Un brin d’histoire. Depuis 1997, les creuseurs artisanaux se sont rués vers les mines abandonnées par la Société Minière du Kivu (Sominki) dans la ville minière de Kamituga. Selon les estimations de la Banque Mondiale, il y aurait entre 50 000 et 2 000 000 de creuseurs, activement et directement impliqués dans l’exploitation minière artisanale. Considérant une moyenne de quatre à cinq personnes à charge pour chaque creuseur, le nombre total de personnes dépendant de cette activité de survivance atteint 8 à 10 millions. Soit 14 à 16 % de la population totale de la République démocratique du Congo.[3]Pour la Province du Sud-Kivu, ils sont estimés à plus de 13 870 creuseurs. Notons que la ville de Kamituga (sur l’axe Mwenga) contient environ 1000 puits d’or à elle seule.[4]
[1] CHANGE et ORN-Uvira, A quand Responsabilité-Durabilité-Distributivité. Hors la loi, les ressources naturelles paupérisent, Uvira, janvier 2020, p.45-47.
[2] CHANGE et ORN-Uvira, Op.cit., pp. 45-48.
[3] Réseau Paix pour le Congo, Exploitation minière industrielle et artisanale au Sud-Kivu, mai 2014.
[4] Ingénieur Christophe KIMBULUNGU, Coordinateur urbain du service de l’environnement Kamituga.